L’imprimé est-il un support statique dans un monde en mouvement, ou plat dans un univers en 3D ? Il existe des moyens d’obtenir l’illusion du mouvement et de la profondeur dans l’impression, en utilisant l’optique.

La méthode est appelée lenticulaire et les effets peuvent être une combinaison de mouvements, de profondeur stéréoscopique (3D) et de changements soudains (retournements).

Elle est particulièrement adaptée aux jets d’encre UV modernes à haute résolution, qui permettent d’imprimer directement sur les plastiques. Dans le premier de ces deux articles, nous verrons d’abord ce qu’est l’impression lenticulaire et comment elle est produite.

L’impression lenticulaire associe une couche frontale de lentille en plastique transparent à une couche dorsale imprimée. L’impression peut se faire sur du papier conventionnel qui est ensuite soigneusement aligné et laminé sur le matériau de la lentille en plastique, ou elle peut être directement imprimée (souvent par jet d’encre UV) sur la face arrière lisse du plastique transparent. L’effet fonctionne aussi bien avec des impressions frontales qu’avec des impressions rétroéclairées.

Nombreux sont ceux qui ont découvert l’impression lenticulaire lorsqu’ils étaient enfants, dans des cartes à bulles et des jouets fantaisie où l’image bascule entre deux ou trois scènes en fonction de la façon dont elle est orientée vers vos yeux. C’est encore l’utilisation la plus courante : cartes de vœux fantaisie, couvertures de livres ou images en 3D de dauphins et de tigres. La plupart de ces images ne sont que du kitsch mal produit, ce qui est dommage car le lenticulaire grand format bien réalisé peut constituer un support artistique ou promotionnel très attrayant.

La 3D stéréoscopique peut fonctionner particulièrement bien avec de grands objectifs, bien que la plupart des détaillants préfèrent l’une des techniques d’animation parce que le mouvement attire davantage l’attention et que l’effet fonctionne à des distances d’observation plus grandes. La 3D est plus subtile et ne fonctionne pas à toutes les distances ou sous tous les angles.

L’impression d’une image lenticulaire est conventionnelle, bien que l’étape de création de l’image soit exigeante. Elle divise un ensemble d’images différentes en bandes étroites, puis les dispose en ensembles côte à côte (appelés entrelacement).

L’illusion de mouvement ou de retournement provient du changement de point de vue de vos yeux : soit en passant devant ou vers l’impression dans le cas des affiches, soit en bougeant la tête ou les mains dans le cas des petites images portables. Lorsque le tirage se déplace, la diffraction des lentilles dirige différentes bandes de l’image vers vos yeux, et l’image semble changer.

La profondeur de l’illusion 3D est obtenue par parallaxe : chacun de vos yeux voit un chemin lumineux différent à travers les lentilles, l’une pour la moitié gauche et l’autre pour la droite, et votre cerveau interprète le résultat comme une profondeur stéréoscopique.

Choix de l’objectif

En règle générale, pour les mouvements, les objectifs seront disposés verticalement pour les images de type poster devant lesquelles les gens passent, ou horizontalement pour les images vers lesquelles ils marchent. Dans le cas de la 3D stéréoscopique, les objectifs sont toujours disposés verticalement.

Différents pas et épaisseurs de lentilles sont disponibles – vous utiliserez un pas faible (20, 30 ou 40 lpi) pour des travaux d’affichage destinés à être vus à distance, et un pas plus élevé (40 à 150 lpi) pour des articles plus petits tels que des imprimés A4 et des couvertures de magazines, des couvertures de DVD, des cartes de magasin et des marque-pages fantaisie. La lentille 150 lpi de Lenstar n’a qu’une épaisseur de 262 microns, mais nécessite un processus d’impression à haute résolution pour obtenir des effets lisses.

Les lentilles à faible espacement, telles que 20 à 40 lpi, nécessitent un plastique plus épais, ce qui se traduit par un coût plus élevé. Cependant, ces lentilles conviennent parfaitement aux travaux d’affichage grand format destinés à être utilisés à distance. Une plus grande distance signifie également que l’observateur ne remarque pas autant les divisions de la lentille, de sorte que l’image semble plus naturelle.

DP Lenticular, qui distribue Lenstar dans la région EMEA, a commandé le développement d’un matériau pour lentilles de 28 lpi dont le directeur général Daniel Pierret est particulièrement fier. « Il n’a fallu que six mois entre notre demande et la réception des premières lentilles », explique-t-il. Intermédiaire entre les matériaux 20 et 40 lpi, le 28 lpi est plus fin et donc moins cher que le 20 lpi, mais suffisamment épais pour permettre une vision grand angle, de nombreuses montures et des transitions plus douces ou une parallaxe 3D plus importante que le 40 lpi.

Plus le pas est élevé (c’est-à-dire plus il est étroit, moins il y a de jeux de bandes), plus il est possible d’insérer de détails dans chaque bande. Cela signifie que si vous utilisez un procédé d’impression à haute résolution (comme l’offset), vous pouvez insérer plus de détails dans chaque bande, alors qu’un procédé à plus faible résolution (comme le jet d’encre UV à plat) ne permettait pas, jusqu’à une date récente, d’insérer beaucoup de détails.

Ainsi, une animation limitée à cinq images avec un objectif de 20 lpi aurait des bandes d’une largeur de 1/100e de pouce. Étant donné que vous souhaitez obtenir des détails dans chaque bande, il vous faut une résolution réelle élevée pour y parvenir avec un jet d’encre. Une résolution de 1 000 ppp ne donne encore que 10 points de formation d’image par bande de 1/100e de pouce, bien que des passages multiples puissent augmenter ce nombre.

Les imprimantes Stylus Pro et SureColor d’Epson sont souvent utilisées pour les travaux lenticulaires à court tirage, car elles offrent une résolution maximale de 2 880 ppp. Cependant, les encres à base d’eau d’Epson ne peuvent pas être imprimées directement sur la lentille en plastique, ce qui nécessite une plastification sur papier, qui doit être réalisée avec une grande précision pour que les séries de bandes soient alignées sur les lentilles.

Grand format

Les travaux lenticulaires de grand format mais à court tirage étaient couramment réalisés sur des enregistreurs de films numériques tels que le Durst Lambda. Cependant, ces appareils ne sont plus produits et se font de plus en plus rares dans le monde réel. Avec l’amélioration de la résolution et de la qualité des jets d’encre UV, ceux-ci sont de plus en plus adaptés à l’impression directe au dos des lentilles lenticulaires. Là encore, l’alignement est essentiel.

Selon M. Pierret, de DP Lenticular : « Pour les grands formats, nous constatons deux évolutions. La résolution augmente, oui. Non seulement la résolution physique, mais aussi les interpolations, c’est-à-dire la différence entre la direction de l’impression et celle de la tête. Vous devez connaître la résolution réelle pour calculer la résolution du fichier.

« La vitesse d’impression est également très importante. Ce sont des changements importants. Il est important de réduire la taille des gouttes et d’augmenter la résolution. Cela a un impact sur la vitesse. Les fabricants veulent aller vite et le lenticulaire est une très petite application pour eux, ils ne produiront donc pas de produits spécialisés.

Avec l’impression offset, vous disposez d’une résolution réelle de 2 400 à 3 000 dpi et de points de trame AM ou FM conventionnels. Les encres UV peuvent également être imprimées directement sur le plastique. Toutefois, en raison de son coût, la lithographie UV ne peut être utilisée que pour des tirages assez longs.

La société américaine Forward Optics a mis au point un film lenticulaire très fin et très souple qui peut être utilisé comme étiquette, à des fins de sécurité ou de promotion. Il peut être imprimé par flexographie si nécessaire. DP Lenticular est l’agent européen.

Un autre produit de Forward Optics est MicroLux, une feuille dite « fly-eye » qui est similaire au lenticulaire mais avec une série de lentilles hexagonales. Cela donne un motif répétitif avec une illusion de profondeur et est utile pour les étiquettes de sécurité ou les couvertures et emballages qui attirent l’attention.

Questions commerciales

L’impression lenticulaire a tendance à passer de mode au fil des ans. Grâce à l’amélioration constante de la résolution et de la qualité des jets d’encre UV, il n’a jamais été aussi facile d’imprimer de grands écrans lenticulaires.

Cependant, l’étape d’installation et les tests nécessaires font de l’impression lenticulaire une activité spécialisée dont l’accès est très coûteux. Selon Andrew Roblett, codirecteur général de Riot of Colour, spécialiste de l’impression lenticulaire grand format à Londres : « Si vous achetez le logiciel HumanEyes, il faut compter 20 à 30 000 livres sterling pour le faire fonctionner avec les machines, puis vous regardez la taille du marché potentiel et vous réalisez qu’il vaut mieux vous adresser à nous. Si vous pouvez remplir une machine à plat Agfa avec des travaux d’impression réguliers, vous gagnerez plus d’argent.

Riot of Colour a produit l’énorme affiche lenticulaire 3D d’Avatar et travaille depuis pour des clients prestigieux sur des produits similaires. Malgré cela, M. Roblett déclare : « Le lenticulaire est un travail de longue haleine, qui prend énormément de temps et qui ne rapporte pas grand-chose ! Nous nous y sommes accrochés parce que je suis têtu ! Le lenticulaire représente peut-être 40 % de notre activité, y compris le commerce, l’extérieur, les agences, les beaux-arts, tout. Je pense que l’emballage jouera un rôle important à l’avenir.

Il est également impossible de nier que l’affichage numérique LED grand format est de plus en plus courant. Ils peuvent égaler et même dépasser l’animation ou le mouvement du lenticulaire, tout en permettant de modifier l’ensemble de l’affichage toutes les quelques secondes si nécessaire.

En revanche, le lenticulaire peut être placé pratiquement n’importe où et n’a pas besoin d’alimentation électrique. Les écrans numériques ne présentent aucun avantage direct pour le secteur de l’impression, mais le lenticulaire est une véritable impression.

Images

Avatar

Cette affiche lenticulaire 3D promotionnelle de 5 x 2,4 m était considérée comme la plus grande au monde lorsqu’elle a été réalisée en 2010. Elle a été imprimée par le spécialiste londonien Riot of Colour pour promouvoir la sortie en DVD du film en 3D Avatar dans la vitrine du magasin HMV d’Oxford Street à Londres. Voir : www.riotofcolour.com

Digi Art lenticulaire Apfel

Il est difficile de montrer le lenticulaire sur un écran 2D, mais cette image de pomme est utilisée dans une impression lenticulaire stéréo produite commercialement par Elmar Spreer à l’adresse www.lenticular.de.

Libellule montrant un entrelacement, généré avec Pixalen

Représentation en 2D d’une image entrelacée d’une libellule sur des fleurs, produite par Pixalen Studio à New York : www.pixalenstudio.com

Lenticulaire en magasin

Les images lenticulaires produites en masse sont souvent fabriquées en Chine ou en Europe de l’Est. Ces images lenticulaires encadrées à bas prix, vues dans un magasin britannique, ont une qualité photographique et 3D supérieure à beaucoup d’autres, bien que les images restent implacablement kitsch !